Biodiversité & épidémies
- Solane Buzy-Debat
- 9 janv. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 juin 2021
Une épidémie est une « Apparition et propagation d'une maladie infectieuse contagieuse qui frappe en même temps et en un même endroit un grand nombre de personnes, d'animaux ou de plantes. »
Pour qu’il y ait une épidémie, il faut donc un agent pathogène dans une espèce hôte, une perturbation environnementale qui crée le contact du pathogène avec les humains puis des transferts d’individus en individus. La recette d’une épidémie serait donc si simple que ça ?
Et bien non, ici il n’est pas question de faire des crêpes ou des pancakes.
La biodiversité est plus importante aux basses latitudes, c’est un fait. Une prédiction des zones où la faune sauvage fera émerger des futures maladies infectieuses montre qu’on retrouve ces zones là où la biodiversité est importante.
De plus, il faut savoir qu’environ 60 % des microbes pathogènes sont d’origine animale dont la plupart proviennent d’animaux sauvages. (1) Donc cela voudrait dire que plus il y a de biodiversité, plus il y a de pathogènes ? Et non, encore loupé. La biodiversité n’est pas la cause de pathogènes. C’est l’action de l’homme sur cette biodiversité qui induit l’émergence de pathogènes.
Un lien a été établi entre l’émergence d’épidémies & la déforestation. En effet, avec les arbres, les feuilles mortes & les racines qui disparaissent, le ruissellement de l’eau sur le sol maintenant ensoleillé crée des flaques qui sont des lieux favorables à la reproduction de moustiques par exemple porteurs du paludisme. Une étude menée dans douze pays montre que les espèces de moustiques porteurs d’agents pathogènes sont deux fois plus nombreuses dans des zones déboisées que dans des zones forestières. (1)
Le massacre des écosystèmes naturels menace d’extinction bon nombre d’espèces. (2) Depuis les années 70, 60 % des mammifères, poissons, reptiles & oiseaux ont été exterminés par l’activité humaine. (3) Les espèces qui restent doivent se replier sur des portions d’habitats plus réduites ce qui induit directement des contacts rapprochés et répétés avec l’homme. Les microbes seraient donc transmis de l’animal sauvage, où ils sont bénins, à l’humain, où ils deviendraient alors des pathogènes possiblement meurtriers. Or, Cette transmission ne se fait pas directement mais à l’aide de nos animaux domestiques qui se retrouvent alors au bon endroit pour contracter des agents pathogènes.
En effet, la planète est de façon générale dominée par les animaux domestiques qui constituent alors un écosystème à infecter et de parfaits hôtes pour la transmission de pathogènes.(5) De nombreuses épidémies ont transitées par les animaux domestiques comme par exemple la grippe aviaire qui est un virus adapté à son hôte naturel. Ainsi, celui-ci n’est pas infecté. Or, il a le pouvoir de disséminer dans l’environnement, infectant donc des animaux comme le cheval ou le porc, qui infectent à leur tour l’homme. De plus, le temps de domestication est corrélé avec le nombre de pathogènes partagés. Ainsi, l’homme et le chien, la vache ou encore le chat partagent beaucoup de maladies infectieuses puisque ce sont des animaux qui ont été domestiqués il y a longtemps. Ces espèces domestiques constituent des ponts entre les hommes & les animaux sauvages.
Le nombre d’épidémies augmente, & la capacité de celles-ci à se déplacer dans des pays voisins augmente aussi.
Les activités humaines forcent les interactions hommes-animaux & permettent ainsi l’accélération de la propagation de maladies infectieuses. L’urbanisation dans le monde en développement entraîne des connexions et des interactions mondiales croissantes avec des routes commerciales plus exotiques et des contacts avec différentes populations et écosystèmes. De plus, des facteurs socio-économiques comme la densité de population, l’utilisation d’antibiotiques ou la pratique agricole entraînent l’émergence de maladies infectieuses pharmaco-résistantes.
Alors oui, il y a beaucoup d’épidémies & il y aura surement d’autres opportunités d’infections dans le futur mais globalement il y a une baisse du fardeau des maladies infectieuses. Nos systèmes de soins, l’hygiène & la santé publique ont permis d’améliorer largement les conditions de vie notamment lors de maladies infectieuses.
« La santé planétaire dépend de systèmes naturels qui fonctionnent bien & d’une bonne gestion de ces systèmes. » – La Rockefeller Fondation.
Une chouette vidéo sur le sujet : Séminaire de Serge MORAND https://www.youtube.com/watch?v=K8D9vkY_Qnk
Sources :
Kate E. Jones, Nikkita G. Patel, Marc A. Levy, Adam Storeygard, Deborah Balk, John L. Gittleman, & Peter Daszak, “Global trends in emerging infectious diseases” Nature, 2008
Katarina Zimmer, « Deforestation tied to changes in disease dynamics », The Scientist, New York, 29 janvier 2019.
Jonathan Watts, « Habitat loss threatens all our futures, world leaders warned », The Guardian, Londres, 17 novembre 2018.
Damian Carrington, “Humanity has wiped out 60% of animal populations since 1970, report finds” The Guardian, Londres, 30 octobre 2018.
Serge MORAND, ISPED - Bordeaux, “22 février 2019 - Séminaire de Serge MORAND”
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