[Spoilers] Lou, cette héroïne originale qui nous invite à danser la joie
- Marie-Océane Decriem
- 24 juil. 2021
- 14 min de lecture
Le personnage de Lou, une petite fille blonde âgée de 12 ans, est né dans les pages du magazine mensuel Tchô ! En 2004, Julien Neel sort le premier tome de ses aventures, sous forme de bande-dessinée, aux Éditions Glénat. Suivront 7 autres tomes qui composeront une première saison haute en couleurs, allant de la pré-adolescence à la fin de l’adolescence de Lou. Le 02 décembre 2020, c’est sous la forme d’un roman graphique intitulé Sonata 1 que Julien Neel a décidé de continuer son histoire, cette fois-ci dans la peau d’une jeune adulte qui part étudier loin de chez elle.

Dans la bande-dessinée Journal infime, le tome 1 de la première saison de la série Lou !, nous découvrons les aventures et les mésaventures d’une petite collégienne timide de 12 ans. Lou habite dans une grande ville, au 6ème étage d’un immeuble situé au 15 bis d’une rue assez fréquentée, avec sa Maman, une adolescente attardée qui ne sait pas cuisiner et qui est passionnée de jeux vidéos aux noms évocateurs tels que Docteur Robotix, Giant Monsters Fight ou Soul Calibur III, et un chat qui change de nom toutes les semaines. Lou est facétieuse, elle dessine et créé elle-même des vêtements aux formes et aux couleurs détonantes et rêve de vivre de sa passion, le théâtre, en devenant auteur dramatique, metteuse en scène, comédienne et costumière, tout à la fois. Dans ses pièces avant-gardistes et surréalistes qu’elle présente en cours d’arts plastiques, « Doutes » ou « Vie et mort d’un légume vert », on voit déjà poindre les questions sur le sens de son existence qu’elle se posera tout au long de la saison 1. Au fil de la saga, on apprend que son livre préféré est L’écume des jours de Boris Vian, qu’elle aime les mangas One Piece d’Eiichiro Oda ou encore qu’elle est atteinte de « graphomania » : elle aime remplir des pages, coller des papiers, dessiner, ressasser les évènements à l’aide de sa machine à badge, de ses scotchs washi ou de son imprimante pour téléphone – à l’image des pages de journal intime qui tapissent l’intérieur des bandes-dessinées et nous révèlent ses pensées les plus secrètes.
La meilleure amie de Lou s’appelle Mina, et leurs vies autant que leurs personnalités sont quasiment complémentaires : la famille monoparentale heureuse de Lou s’oppose à la famille en plein divorce de Mina et le chat de Lou au chien de Mina prénommé Jean-Pascal. Mina veut devenir rappeuse sous le pseudonyme de Missy Eliot. La Maman de Lou a la particularité d’avoir une frange qui cache ses yeux et écrit un roman de science-fiction mettant en scène Sidéra, une baroudeuse du cosmos. Lou espionne depuis la maternelle un garçon qui habite dans l’immeuble d’en face, dont elle est secrètement amoureuse, prénommé Tristan. Le quotidien bien ordonné de Lou et de sa Maman bascule lorsque Richard, un homme au gilet en peau de mouton mort qui travaille sur une thèse sur les fabliaux italiens du 14ème siècle et qui joue du violoncelle, devient leur voisin de palier. Mais le tome 1 regorge également d’autres personnages aux personnalités saillantes, particulièrement attachants : Gino, le pizzaïolo chez qui elles finissent par manger tous les soirs, la Mamie de Lou qui ne jure que par les choux de Bruxelles ou le docteur Finkerstein, sa psychologue.

Le tome 2 se concentre sur l’été que Lou et sa maman vont passer chez la Mamie de Lou dans le village de Mortebouse, à la campagne. Celle-ci déteste la série « Amour, gloire et beauté » bien qu’elle la regarde tous les jours, ne joue qu’au Scrabble et se plaint constamment de ses varices. Quand elle ne s’engueule pas avec son voisin, Monsieur Chassagne, elle reproche à sa fille d’avoir refusé un poste sérieux aux PTT du village et un mariage avec le docteur Clément Fifrelin pour mener des études de lettres et écrire un roman de space opera*. C’est dans ce contexte tendu que Richard déclare sa flamme à la Maman de Lou, par téléphone, alors que l’éditeur de cette dernière lui court après pour obtenir le premier manuscrit de son roman. Tristan, quant à lui, déclare ses sentiments à Lou par le biais d’un e-mail, alors que celle-ci fait la connaissance de Paul, un garçon étrange qui peint dans le style tiki**, joue du ukulélé, se passionne pour les îles paradisiaques et l’invite à la fête du village.
« C’est comme si peu à peu, les choses, les gens autour de moi, devenaient flous… Mon attention ne peut se fixer sur rien, le monde est immatériel… Plus de saillances, plus de haut, plus de bas, tout est plat… Je peux passer des heures à regarder une fissure au plafond, mais je ne peux plus lire un livre plus d’une poignée de secondes… Je ne sais pas si ce sont les autres qui se changent en fantômes… Ou alors si c’est moi qui peu à peu me confonds en mon ombre… Tellement inconsistante que je me sens flotter… Légère… Si légère… »
T.3, Le cimetière des autobus, p.21
Le tome 3, Le cimetière des autobus, s’ouvre sur un « Jeu de moi » parodique du jeu de l’oie qui récapitule brillamment l’intrigue des deux premiers tomes. Alors que l’immeuble de Tristan est détruit pour en faire un espace de stockage temporaire de véhicules municipaux par arrêté préfectoral, Mina et Lou se retrouvent dans des classes différentes au sein du Collège Guy Degrenne. Mina va se lier d’amitié avec Karine, une jeune collégienne en jogging, et Lou avec Marie-Émilie, une fille de bonne famille qui fréquente assidument The Black Darkness Gotik Bar [fr : La noirceur noire, bar gothique]. Lou va traverser une véritable crise d’adolescence, tandis que sa Maman parvient à terminer les Aventures Galactiques de Sidéra en temporisant le loyer qu’elle doit à la concierge Madame Chiourme, fan assidue de Michel Drucker.

Et dans le tome 4, nos amies qui sont désormais quatre (Lou, Mina, Marie-Émilie, Karine) partent passer l’été dans une villa construite par Arcimboldo Parmentier, un architecte et « géobiologiste » des années 1960, et louée par les parents de Marie-Émilie, Sophie et Henry Garsillac, fins consommateurs de melon et de porto. Là, elles vont lancer la première chasse aux garçons de leur vie et rencontrer quatre garçons en Vespa, dont Tristan. S’ensuivent des jeux de séductions qui voient Jean-Jean et Mina et Tristan et Marie-Émilie nouer des relations amoureuses. Mais c’est un certain Mr Juice qui risque de rabattre les cartes du jeu… Les deux autres garçons, Manolo et Preston, attendent avec impatience la venue de la Maman de Lou au Festival de Cornichet-Les-Pains, le 24. Car en effet, celle-ci mène une tournée de dédicaces de son livre, qu’elle a publié sous le pseudonyme de Graëtzel Blondilla, dans tout le pays, tous frais payés. Première étape : Promo Ca$h, une petite quinzaine commerciale d’électro-ménager discount. Deuxième étape : L’antre du Dragon, une librairie spécialisée dans l’heroic fantasy*** et la science-fiction. Troisième étape : le Festival du Livre de Mortebouse où les Majorettes lui réservent un accueil triomphal, en tant qu’ancienne capitaine des Étoiles de Mortebouse. Pour le festival de Cornichet-Les-Pains, elle ramène dans ses bagages Paul, avec lequel Lou va nouer une brève relation pour rendre Tristan jaloux. La bande-dessinée se termine sur les 14 ans de Lou et l’invitation de Tristan à venir passer les vacances d’hiver dans le chalet de son oncle, à la montagne.

Quelques semaines plus tard, de retour en ville pour le tome 5, l’immeuble de Lou part en fumée. Devant le brasier, sa mère lui apprend qu’elle est enceinte de Richard. Installés dans la chambre d’hôtel 481, Lou, sa mère et Richard n’ont plus rien, à part la valise de secours avec les trucs vraiment importants préparée par la Maman de Lou : une brosse à dents, une gameboy micro, 6 culottes propres, l’intégrale de Queen, des chips au vinaigre, une machine à faire des badges et son journal intime d’adolescente de 14 ans. C’est à travers celui-ci, que Lou dévore pour tromper l’ennui, qu’on découvre l’enfance de la Maman de Lou : la Mamie de Lou a été élevée par sa mère, Louise, et n’a jamais connu son père non plus tandis que son Papy avait été placé par ses parents citadins chez sa tante épicière au village pour y devenir commis livreur. La Mamie, travaillant aux Abattoirs Fifrelin, rejoint le Club de Scrabble, ouvert après 17h00, et ravit le titre de champion local au Papy, cette compétition scellant leur union. La Maman de Lou se réfugie fréquemment dans le Grand Saule pour s’enfuir d’un foyer oppressant et elle rencontre le Papa de Lou à la MJC, lors d’un concert de rock dont il est le guitariste. Ensemble, ils fuguent. À seulement 17 ans, elle tombe enceinte de Lou dans un appartement biscornu du centre-ville. Elle se fait quitter et doit enchainer les petits boulots en parallèle de ses cours de langue syldave (dont la grammaire est très proche du patois de Mortebouse) pour réussir à élever sa fille.
Les histoires de l’été ne sont pas complétement oubliées, Mr Juice a pris un studio en centre-ville, ce qui permet à Karine de continuer à le fréquenter, tandis que Jean-Jean habite au centre du pays au grand dam de Mina. Les Aventures de Sidéra sont réimprimées et les droits d’adaptation vendus pour réaliser une comédie musicale sur glace. Mais, alors que Lou est en vacances chez l’oncle de Tristan, Richard quitte sa mère et part s’installer dans la Graoute du Pénitent dans son village natal : l’histoire semble se répéter lorsque la Maman de Lou donne naissance à son petit frère, Fulgor.
« Je pars. Je fuis. Je m’évade presque. Chacun de mes pas brise un peu plus la chaîne qui m’entrave à cet endroit. Je pars vers l’inconnu, le beau, le soleil, les lumières de la ville. Et rassurez-vous, je sais que je peux m’y brûler les ailes. Vous ne m’avez que trop bien mise en garde, trop bien transmis votre peur des choses déraisonnables. Je pars justement me briser avec délice sur ces choses déraisonnables. J’éprouve votre peur, mais je suis submergée simultanément par l’immense vague d’un bonheur qui vous a sans doute terriblement manqué. Je pars et je vous aime. Je voudrais que l’on ne se fâche pas de trop. J’hérite de vous une forme de courage obstiné et un bon sens instinctif. Je vous remercie de ces dons magnifiques. Ayez confiance en moi. Je ne vous décevrai pas.»
T.5, Laser Ninja, p.22
Dans L’âge de cristal (tome 6), nous retrouvons Lou avec une paire de lunettes. Désormais âgée d’une quinzaine d’années, elle considère les pistes de danse comme la plus efficace des thérapies et se rend dans des boîtes de nuit bondées pour danser avec Mina, et avec Jean-Jean et Tristan, de retour en ville. Ces derniers sont serveurs Chez Logan, un restaurant fréquenté assidument par Lou et ses ami·e·s tous les jeudis après le cours de physique. Mina et Jean-Jean accumulent les ruptures-réconciliations (36) tandis que Karine et Mr Juice se sont installés ensemble et ont adopté un chiot. Sophie et Marie-Émilie sont curieusement vêtues de ponchos roses. Lou travaille bénévolement, dans le cadre d’un programme gouvernemental de collecte des données sonores : elle écoute de mystérieux cristaux roses qui produisent des harmoniques, du bruit blanc, des ondes sinusoïdales. Et c’est dans cet univers étrange, où il faut relever sa boîte de courrier au télégraphe public à l’aide d’un numéro de compte et d’un code secret, que Lou fait la rencontre du garçon qui lit un bouquin sur l’hypnose, un de ses camarades de classe. Sa mère écrit un nouveau roman tout en supervisant l’adaptation en comédie musicale sur glace des aventures de Sidéra, assistée par Groseille. Un mystérieux patineur suédois, Gjord, fait alors son apparition sur la piste de glace… En parallèle, elle travaille avec Henry Garsillac et le professeur Ismaël pour un projet gouvernemental « top-secret » autour de cristaux, de lasers et de lapins. À la fin du tome, Lou décide d’accepter la proposition que Paul lui a fait par télégraphe et de partir à l’aventure.
Et paf ! Le tome 7 nous replonge dans l’été suivant la naissance de Fulgor. En effet, le tome 6 et le tome 7 de la bande-dessinée de Julien Neel sont inversés par rapport à la trame narrative de l’histoire. C’est de nouveau l’histoire d’un été à Mortebouse, au cours duquel Lou, Mina et Marie-Émilie souhaitent réaliser des vacances retour aux sources après avoir consulté un blog de tendances suédoises qui prône la communion avec la nature et l’affranchissement des choses superficielles du monde moderne. Paul, qui rentre de ses études d’art dans une grande ville, est évidemment de la partie tandis que Karine, Mr Juice, Manolo et Preston ont trouvé un job d’été grâce à Henry Garsillac et que Jean-Jean et Tristan rejoindront les filles plus tard, après un détour par la Graoute du Pénitent où Richard s’est retranché. Ce tome est riche en rebondissements pour nos personnages (qui finissent par se retrouver tous ensemble à Mortebouse) : on apprend que la Mamie de Lou et son voisin, Balthazar Chassagne, sont désormais en couple. Clément Fifrelin, quant à lui, a subi une opération de chirurgie esthétique, pratique le modern jazz et roule sur un vélo avec des roues en bois bio. Il a monté le club nautique de Mortebouse dont il est Président. On découvre également que la bibliothèque de Mortebouse porte le nom d’Arcimboldo Parmentier, en hommage au grand-père de Paul, et que le premier amour de la Maman de Lou s’appelait… Logan. Marie-Émilie trouve l’amour dans les bras de la cousine de Paul, une majorette nommée Dazzler, tandis que Manolo et Preston nouent des relations avec Isohélie et Isocelle. Lou et tou·te·s ses comparses vont créer une gigantesque cabane dans le grand saule qui servait de refuge adolescent à sa Maman et lors de leur dernière soirée sur place, un éclair frappe l’arbre. Flou. Au réveil, plus de réseau et d’étranges, gigantesques cristaux roses qui éventrent des bâtiments abandonnés. Selon Julien Neel lui-même, ces éléments fantastiques sont une métaphore du monde, en plein changement, et de la manière dont ces changements peuvent impacter, tant positivement que négativement, la société. En effet, on apprend en fin de tome que le monde s’adapte petit à petit à la situation par la création de grands potagers urbains reliés à des centres de distribution alimentaire (Chez Logan), par la mise en place de bénévoles pour assurer la sécurité et rendre service aux gens (Karine et Mr Juice en font partie) et par l’installation de capteurs sur les pistes de danse pour transformer les mouvements en électricité.

Dans le tome 8, Lou part pour un long voyage sans itinéraire et sans planning, sauf l’impératif de passer voir Paul dans les montagnes. Il durera 6 mois. Elle rencontre d’abord Violette et Pyjama dont elle squattera, en compagnie de nombreux·ses autres, l’appartement pour profiter de la chaleur, de la mer, mais aussi d’une grotte qu’elle découvre en compagnie de Marylène, une livreuse de fleurs. C’est aussi là qu’elle fait la rencontre d’un chien blanc nommé Philippe. Puis, elle se rend dans le village où Paul effectue son stage sur un site de fouilles. Il habite dans une vieille tour qui tombe en ruines avec un bébé âne nommé Mignon. Là, Lou va découvrir les papounes, une recette ancestrale, et aider à la réalisation du Corso, la grande fête folklorique locale constituée d’un défilé de chars costumés. La nuit où elle perd sa virginité, les cristaux disparaissent et le réseau réapparaît. Arrêtée dans un motel, elle peut soudain reprendre des nouvelles de tou·te·s ses proches. Son voyage se termine au bord de l’océan, à Weissville, où elle rencontre les propriétaires de Philippe, Jeanne, qui rêve de devenir romancière, son frère ainé et sa mère. Lou et Jeanne, qui ont bien plus en commun qu’elles ne le pensent, deviennent amies et commencent à entretenir une relation épistolaire sitôt Lou rentrée auprès de sa mère, qui s’est coupée la frange, et de son frère. Signe d’un renouveau qui clôture la première saison : si Lou a longtemps cru qu’elle avait besoin d’un prince charmant pour se construire, elle va désormais s’en affranchir pour mener sa propre vie et se construire de manière individuelle.

Dans Sonata 1, Lou emménage dans son propre appartement, à Tygre, ville inspirée d’un savant mélange de Lyon et de Kyoto, deux semaines avant la rentrée scolaire. En première année, dans la section 9, elle suit des cours de culture générale, se coupe les cheveux, enchaîne les épisodes de ses séries préférées et prend son café tous les matins en bas de chez elle, au bonheur d’Anne-Marie la tenancière et de son serveur Monsieur Ivan avec lequel Lou partage la connivence de ne rien comprendre au Journal des sports mais de toujours faire semblant. Elle héberge Marie-Émilie, venue à Tygre pour passer un entretien pour un stage dans un des festivals les plus intéressants du moment. Elle rencontre Yann, Ugo, puis au détour d’une fête sur une péniche, Nour, divers amis qui viennent combler le vide de ceux·elles qui sont loin d’elle. Elle propose à Jeanne de venir la visiter pendant les vacances d’avril et en attendant se consacre pleinement à son mémoire. Elle prend des notes avec des petits papiers autocollants fluo qui associent concepts et formules dans d’étroites ramifications, un process qu’utilise également sa Maman pour la rédaction du tome 2 des aventures de Sidéra. Lorsque Nour lui offre un vieux sampleur, une machine pour enregistrer des sons, les découper, les mélanger, les réassembler dans un ordre précis, elle termine son mémoire de 300 pages deux jours avant la date prévue. Pourtant, son prof principal va lui donner un 0, hors-sujet. Lou, qui quitte la ville dépitée, rencontre Marie-Émilie à la gare. Son festival a été annulé car le propriétaire du terrain s’est désisté. Alors Lou se rappelle qu’à Noël, lorsqu’elle est rentrée chez elle, elle a appris que Balthazar Chassagne était décédé depuis trois mois certes, mais qu’il lui avait légué en héritage ses outils, sa grange et son terrain… Une idée est en train de germer dans sa tête… Lou ! Sonata 1 est accompagné d’un album de musique composé par le groupe Krystal Zealot, et séduit par l’aventure musicale, le projet de Julien Neel est de continuer sur cette lancée en associant tous les tomes à venir à un album de musique spécialement dédié à leurs lectures. Une idée originale et osée que l’on approuve totalement, tant les ambiances des morceaux coïncident avec les pages et l’avancée dans la lecture.

Entre 2009 et 2010, une série télévisée d’animation de 52 épisodes, également baptisée Lou !, a adapté les personnages et les intrigues créés par Julien Neel. On y découvre en détails le quotidien de Lou et de sa Maman, de leur immeuble, ainsi que le début de leurs histoires d’amour respectives.

En 2014, dans une volonté de contrôle de son œuvre et animé par une liberté totale, Julien Neel a écrit et réalisé lui-même un film baptisé Lou ! Journal infime qui reprend les quatre premiers tomes de la série dans une ambiance onirique, avec des décors aux teintes chaudes et peuplés d’accessoires rétros qui nous transportent littéralement dans l’univers dessiné qu’il a créé. Un album, Lou ! Journal d’un film, raconte la genèse et la réalisation du projet en offrant une excursion particulièrement documentée dans le monde du cinéma. Une bande-dessinée, Lou ! Journal infime, reprend quant à elle les images du film et les associe à des dessins de Julien Neel pour en résumer l’intrigue.

En 2019, Julien Neel a également écrit et illustré deux albums Jeunesse autour du Petit Monde de Lou : Danse de la joie ! et Un dimanche de rien du tout. Bien que dédiés aux enfants, ils sont appréciés du public plus âgé qui y retrouve des anecdotes sur l’enfance de Lou et les traditions qui l’ont bercée mais également des personnages de la saga tels que la Maman, Mina, Tristan, Clément Fifrelin ou encore Sophie et Marie-Émilie Garsillac.
Julien Neel, en s’efforçant de ne pas penser au genre féminin de Lou en écrivant, a réussi le pari de créer un personnage, un univers et des intrigues qui parlent à tou·te·s, enfants, adolescent·e·s, adultes, et qui abordent des thématiques variées et souvent très fortes : la famille, la monoparentalité, le refus de la paternité, le divorce, l’amitié, la jalousie, la découverte de l’amour, de la sexualité, l’adolescence, la dépression, le suicide, le féminisme, la mort, et bien d’autres encore qui se révèlent au fur et à mesure des pages. Il a veillé à toujours laisser des vides qui nous permettent de nous projeter nous-même, de remplir les non-dits avec notre imaginaire et nos propres expériences, pour en faire une saga dans laquelle chacun·e peut se retrouver. Vous l’aurez compris, les dessins, les couleurs, l’intrigue, la musique et le scénario de cette saga sont parfaitement maîtrisés et méritent l’arrêt sur image !
*Space Opera : sous-genre de la science-fiction qui traite d’aventures épiques ou dramatiques se déroulant dans un cadre géopolitique complexe (explorations spatiales, guerres intergalactiques, importance accordée à la science).
**Tiki : représentation humaine stylisée originaire d’Océanie.
***Heroic Fantasy : sous-genre de la fantasy présentant un récit historique prenant place dans un monde merveilleux.
Sources
CORN8LIUS, Instagram Live avec Julien Neel, Librairie Décitre, 10 décembre 2020. URL : https://www.instagram.com/tv/CIoNvGpod_n/
LA RÉDACTION, « Comment Lou est devenue l’héroïne de toute une génération », Madmoizelle, 04 décembre 2020. URL : https://www.madmoizelle.com/lou-bd-heroine-generation-1068650
LE SOUFFLE DES MOTS, Instagram Live avec Julien Neel, 03 décembre 2020. URL : https://www.instagram.com/tv/CIWNK2nKK2Y/
NAHON Éric, « Lou, l’héroïne qui grandit entre les cases », Slate, 17 janvier 2019. URL : http://www.slate.fr/story/172023/julien-neel-lou-bd-culte?fbclid=IwAR3YdB4cblEm2W-ztZXOLl8QSgcKpnvt0sQ-w5SaHWPg2CVdZSY4wjKaGz0
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